mardi 11 janvier 2011

Bruits


Mi décembre, un samedi soir, à Bécon les Bruyères.
Une série d’explosions rappelle à Blandine qu’il y a vingt quatre ans elle a accouché un 14 juillet.
Antoine, son fils, est arrivé pour passer le weekend. Il est accompagné de Julie, sa copine déclarée. Julie ne sait pas trop quelle attitude adopter, elle est timide. Coincée sur une chaise, elle attend avec impatience l’heure de partir danser avec Antoine chez un de ses copains à lui.
Blandine ne veut pas s’affoler en entendant les explosions, alors elle associe cet incident à la nouvelle qu’elle veut annoncer à Antoine :
« Sais tu Antoine que nous allons très probablement nous retrouver avec ton père ? Depuis plusieurs mois, déjà ça ne tournait pas rond avec sa compagne. Officiellement, elle ne supportait pas que nous nous voyions de temps en temps. Elle ne voulait pas d’un ménage à trois, disait-elle. Alors elle est partie, avec tous ses meubles pour habiter ailleurs. Maintenant, tout en étant bien entouré, ton père est seul et nous intensifions nos correspondances.
Je vais aller passer quelques jours chez lui dès que je pourrai me déplacer car j’ai encore de la rééducation à faire. Ainsi à la fin de l’année prochaine, nous pourrons nous associer, toi, moi et Julie peut être, aux fêtes de famille du moment de Noël. »

Dans le logement six pièces de Mme Legendre ce sont des  coups de fusils qui sont perçus ; ils provoquent un affolement général. Les vingt chats courent dans tous les sens, sautent sur les meubles et tout excités ils s’attaquent mutuellement. Le singe s’est accroché à la suspension et se balance dangereusement au risque de rompre l’ensemble des verreries lumineuses. Le perroquet crie : « Au secours, au secours ! » la seule phrase qu’il ait vraiment intégrée et qui semble absolument de circonstance. Seuls les poissons de l’aquarium restent absolument indifférents au vacarme.
Mme Legendre est pétrifiée. Encore si son mari était là pour la protéger, elle se réfugierait à coup sur dans son giron. Aucun espoir pour elle de ce côté, l’époux défunt, insensible est, escomptons le seulement, témoin impuissant de cette scène. Complètement dépassée par les événements elle devient fascinée par les poissons paisibles. Elle approche un tabouret de l’aquarium et malgré son fort embonpoint, comme guidée par une force satanique, elle escalade la paroi et se jette la tête la première dans la grande baignoire en verre. Les poissons semblent se réveiller et s’agitent à leur tour. Mme Legendre reprend alors ses esprits et se débat pour chercher à mettre la tête hors de l’eau. Hélas la manœuvre s’avère impossible à cause de son poids et elle se noie sans autres témoins que les poissons imperturbables.

Karim est en retard sur l’heure habituelle de la promenade journalière avec François 1ier  A monter tous les jours et parfois plusieurs fois par jour, les huit étages de l’immeuble pour rejoindre son appartement, il garde la forme. Il en est au troisième quand il entend les détonations qui résonnent dans la cage d’escalier ; il s’arrête. François 1ier est sourd et lui continue à monter tranquillement. Karim est inquiet, il ne comprend pas ce qui peut se passer et hésite à poursuivre. Il imagine que comme pour le 11 septembre un avion s’est encastré dans les derniers étages de l’immeuble. Si son idée est bonne ce n’est surement pas nécessaire de grimper alors qu’il va falloir redescendre vite fait. Mais François 1ier lui ne s’est pas arrêté. Inutile de crier … Karim n’a pas l’héroïsme de le rattraper pour le sauver et puis il a les jambes coupées.
Solennellement Karim jure que s’il en réchappe il attachera François 1ier à sa laisse même pour monter les escaliers.

Jocelyne Muti sursaute alors qu’elle se reposait en future mère, installée confortablement dans son fauteuil. Dans la chambre voisine, Jac, son mari s’est arrêté un pinceau à la main. Les explosions l’inquiètent, il est épuisé alors qu’il est prêt de terminer la remise à neuf de la pièce ou on installera le bébé.
A ce moment, il entend un long cri ; c’est Jocelyne qui s’aperçoit qu’elle est en train de perdre les eaux alors que l’accouchement n’est prévu que pour le mois prochain.

Au rez de chaussée, Corinne, Vanessa et Delphine sont réunies autour de la table où trône le gâteau d’anniversaire de Vanessa. Elles ont voulu profiter de l’occasion pour se payer un petit extra facilité par le fait que la propriétaire, qui habite à 100kms, ne pouvait pas intervenir .
Sur la pâtisserie que Delphine avait confectionnée, oui Delphine tout en faisant des études d’Economie avait un certain don pour l’art culinaire. Sur la pâtisserie donc Corinne, pour se sortir de ses livres a imaginé de mettre en paquet un lot de pétards.
Toutes deux, s’apprêtent à rassembler leurs notions d’Anglais pour entonner un solennel « Happy birth day to you » ; Corinne armée d’un briquet, allume une première mèche qui immédiatement enflamme les autres …
Un vrai feu d’artifice qui a duré deux minutes.
 (Texte de Marc)
Atelier du 10 janvier : clic
Consignes :
Dans un immeuble 6 appartements (les propositions des 6 participants A , B, C, D, E, F)
Dans cet immeuble un bruit se fait entendre.
Au moment du bruit
  1. Dans l’appartement A un secret est mis à jour.
  2. Quelque chose d’irréparable dans le B
  3. Une décision est prise dans le C
  4. Un autre bruit dans le D
  5. Explication du bruit initial dans le E

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