mercredi 2 février 2011

Réussir sa vie : Attila (texte de Marc)

Moi, Attila, je me lève tard en attendant que les femmes qui tournent autour de ma tente finissent d’accomplir leur tâche et retournent chez elles. Je suis le chef de guerre le plus célèbre de mon époque ; j’affute mes armes en vue de la prochaine bataille.
Une loi en vigueur pour mon peuple stipule de rester en communauté et de ne pas reconnaitre comme siens les enfants qui vivent ensemble ; ils sont rassemblés dans un même groupe sous la direction des anciens du village. Ceci afin d’assurer la force et la survie  de notre peuple, dit la tradition.

 Quand j’étais petit, j’étais déjà chef de bande, j’emmenais les copains à la chasse au sanglier et en général c’est moi qui avait l’honneur de donner le coup de grâce à la bête qu’ils m’avaient rabattue. Par ailleurs, je ne savais pas lire mais je comptais bien et je suis devenu rapidement très puissant.

Un jour le vieux chef de la tribu s’arrêta près de moi  et commença à me dévisager. Je cru qu’il avait une sorte de vision tellement il semblait inspiré. « Tu es moche, me dit il, mais ce n’est pas étonnant quand on regarde ta mère »
Il devait y avoir une histoire entre ma mère et lui, bien sûr ;  et moi qui ignorais qui était ma mère, je brulais de curiosité d’en savoir plus. Mais, l’ancien restait muet devant mes questions. J’en demeurais tout chaviré. Je pris la décision de découvrir le mystère. Je couru à la fontaine pour voir mon image et m’en imprégner afin de pouvoir identifier ma mère puisque je lui ressemblais. Puis j’ai fait le tour de toutes les huttes du village pour dévisager les femmes qui y résidaient. Enfin je suis rentré chez nous. Les copains, comme moi, n’avaient aucun indice, aucun d’entre eux ne connaissait ma mère. J’ai pris l’affaire en mains et j’ai proposé de commencer une enquête dès le lendemain après la chasse au sanglier.
Pour la réaliser, nous avons alors décidé de faire une sorte de révolution, de changer les lois du clan qui nous paraissaient désuètes et de retrouver nos parents afin  de créer pour chacun de nous, une nouvelle identité. Notre mentor fit une dépression et il démissionna de sa fonction. Cette entreprise a fait des remous dans la tribu et les langues se sont déliées après que les femmes aient pu obtenir la permission de participer à l’enquête. Curieusement, d’instinct, elles ont reconnu leur progéniture, ce qui leur était interdit jusqu’à présent.
Nous étions huit, six d’entre nous, moi compris, ont retrouvé leurs parents. Curieusement la vie n’a pas changé et nous avons continué à vivre en communauté, j’en étais le responsable.

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, ma mère m'a invité à le fêter chez elle ; parmi les convives il y a le vieux chef qui m’avait lancé la phrase assassine. Il se tient en retrait et regarde ma mère qui loin d’être laide, est  encore très belle bien qu’elle ne soit plus toute jeune et malgré son air triste. Je réalise alors que le vieux avait du être amoureux d’elle sans avoir pu jamais obtenir ses faveurs. Il s’est vengé sur moi en me disant que j’étais moche et j’en ai été très troublé jusqu’à ce jour.
 
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