samedi 29 mars 2014

La maison idéale

Atelier écriture 24.03.2014
Thème : la maison idéale. 

Chapitre I / 
Elle serait faite de bois, vue de l’extérieur. Un bois joli à regarder, un bois clair et doux au touché, sans écharde à se planter dans les doigts quand on passe la main dessus. Elle ressemblerait à une cabane d’enfant, simple et innocente, avec ses quatre murs et son toit. Il y aurait probablement une petite cheminée, pour se blottir au coin du feu les soirées d’hiver, et lire un bon livre ou manger des marrons grillés. Le toit serait plat et il y pousserait tant de plantes qu’on ne le verrait plus. Elle serait installée à la cime d’un baobab, ou bien dans des nuages, à un endroit d’où on pourrait regarder le monde tourner sans être touché par ses malheurs, très loin des conflits et de toutes ces choses qui nous sont inutiles. A l’intérieur, cette maison serait plus grande et pleine de nouvelles choses à découvrir. Les murs seraient en marbre, comme ceux des palais, et des plantes en on y grimperaient pour faire des rosaces mouvantes. Il y aurait une cuisine, pour préparer des bons plats et des gâteaux. Il y aurait un petit salon pour prendre le thé, en compagnie de ses amis. Il n’y aurait pas de chambre parce qu’on passerait les nuits à regarder les étoiles, allongés dans l’herbe verte et parmi les plantes qui auraient recouvert le toit. Il y aurait une salle de bal, pour y inviter les Dieux de l’Olympe, d’Azgard et de Thèbes.

Chapitre II / 
Il y aurait les bruits du vent, et le chant des oiseaux. Le jour, les tourterelles, les rossignols, les rouges-gorges, les oies sauvages. La nuit, les hiboux qui répondent aux chouettes. De temps en temps, on pourrait entendre les cordes de ta guitare, ou les touches de ma machine à écrire. Et parfois, en prêtant bien attention, on pourrait même entendre les bruits d’en bas.De temps en temps, il n’y aurait rien. Seulement le silence, doux et apaisant, que rien ne viendrait troubler sous peine de briser un instant de quiétude.

Chapitre III / 
Il n’y aurait jamais eu ni sang, ni larmes, ni toutes ces idées noires qu’on peut avoir quand se demande ce qui ne va pas chez nous, ce qu’on a manqué, ce qu’on a fait.il n’y aurait pas de guerre, pas de misère. Il n’y aura pas de regrets non plus, ni de remords. Il y aurait bien quelques erreurs du passé, mais seulement celles qui nous auraient fait avancer, et chaque souvenir serait gai et doux. Il n’y aurait pas de peur viscérale, de celles qui nous clouent sur place au lieu de nous pousser à aller de l’avant. Il y aurait bien, parfois, quelques moues boudeuses, mais pas de mots méchants, et je m’efforcerais de ne jamais dire de grossièretés. Il n’y aurait pas d’idées avortées, pas de chagrin d’amour, pas de perte. 

Chapitre IV / 
J’y construirais des rêves et toi des théories. J’y fabriquerais ton atelier, pour que tu joues avec tes outils, à l’inventeur de mille et unes machines futuristes. J’y construirais ma bibliothèque, dont les étages seraient infinis, où tous les livres du Monde seraient rangés, et sur une barre horizontale, se trouverait une échelle immense, qu’on pourrait faire glisser à volonté pour s’envoler dans les imaginaires des auteurs qu’on aurait choisis. J’y construirais une grande serre, pour y faire un potager et y voir pousser une jungle immense au milieu de laquelle coulerait une rivière. J’y construirais une machine à remonter le temps, pour revivre tous nos bons moments. 

Chapitre V / 
D’hier, il y resterait de beaux souvenirs, empreints de couleurs, d’odeurs et de sons. Il y resterait cette odeur, ce parfum dont on a toujours le nom sur le bout de la langue, sans jamais pouvoir le trouver. Il y resterait ces couleurs qu’on savait tant apprécier. Il y resterait quelques jouets d’enfant qui ont marqué toute une vie, des objets qui ont été les témoins d’un grand tournant, des accessoires dont le simple contact visuel, tactile ou auditif, rappelle les meilleurs moments de la vie. 

Chapitre VI /
Il y aurait toi, toi qui bricolerais, toi qui aurais des projets pour changer le monde, toi qui ne cesserais d’avoir des idées lumineuses, toi qui arroserais tes plantes sur le toit et dans la serre de cette maison idéale, toi qui viendrais m’embêter pendant que je lis, toi qui forcerais les dieux de l’Olympe, d’Azgard et de Thèbes à quitter notre salle de bal pour être enfin tranquille et avoir ce silence apaisant pour méditer. Toi, qui froncerais les sourcils, pour gronder le chat qui aurait renversé ton café, mais qui retrouverais ton air gentil en prétextant qu’un chat ne mérite pas d’être grondé. Toi qui ferais battre le cœur de cette maison à chaque foulée, à chaque respiration, à chaque sourire, à chaque idée. Si toi, tu n’es pas dans cette maison, alors je ne veux pas y être non plus. 
(Rena Circa)
Les textes de Rena Circa : clic

mardi 15 octobre 2013

Armand et Margueritte

Au matin du premier jour de notre histoire, Armand aperçoit Margueritte. En la voyant, il se dit que cette créature est la plus belle que le monde ait portée. Certes, elle est vraiment énorme et ses formes exagérément arrondies lui donnent un aspect de bête difforme. Mais lui, la trouve gracieuse, élégante dans ses multiples tournoiements, pirouettes et autres acrobaties qu’elle exécute autour de lui, sans même se rendre compte de son existence tant il est petit comparé à elle. La grosse Margueritte ressemble à une danseuse étoile, tant elle est en harmonie avec ce qui l’entoure.
Il se délecte avec passion de ses mille mouvements, il n’a de cesse de l’observer aller et venir, avec un regard chargé d’amour pour l’immonde chose qui se trémousse devant lui. Ses faits et gestes sont scrutés dans leur moindre détail, et de grotesques et laids, sitôt passés par les yeux d’Armand, deviennent légers et graciles. Margueritte est la plus belle création de l’univers, qui pourrait détourner son regard d’elle ? pas Armand en tout cas. Il aimerait tant être comme elle, et l’accompagner dans ce ballet qu’elle exécute seule et sans compagnon. Lui, si petit, et elle, si grosse !

Au matin du deuxième jour de notre histoire, Margueritte sent une force invisible peser sur elle, alors qu’elle revient exécuter à nouveau ses prouesses physiques. Ce n’est pas un regard de prédateur. Du moins, pas celui d’un danger assez grand pour qu’elle en tienne compte. La créature qui l’observe sans relâche semble pourtant très intéressée par ses pirouettes. La créature, c’est Armand. Elle n’en a jamais vu des comme lui, tout petit par rapport à elle, si large qu’elle pourrait l’avaler quinze fois sans être rassasiée. Quel étrange animal, pourquoi la regarde-t-il ainsi ? Pourquoi suit-il tous ses mouvements ? Si ce n’est ni pour la manger, ni pour se joindre à elle dans cette danse, alors pourquoi reste-t-il à la regarder ?
Pourtant, il y a quelque chose dans cette observation simple, qui plait à Margueritte. Elle se sent belle, elle se sent aimée. Et pour ce simple plaisir, elle ne peut s’empêcher de danser encore, et met plus de force et de conviction dans cette danse.

Au matin du troisième jour, alors que Margueritte revient en ces lieux pour accomplir sa danse une énième fois, elle se rend compte qu’Armand est déjà là.il est arrivé avec les premiers rayons de l’astre diurne, et se veut à nouveau le seul témoin du spectacle fabuleux. Elle accomplit bien quelques nouveaux déhanchés, mais cette fois déconcertée par ce même regard fixé sur elle, décide de s’approcher un peu, pour mieux l’observer, elle aussi. Son immense corps allongé franchit l’espace qui la sépare d’Armand en quelques secondes, et son œil, aussi gros que le poing de l’homme, fixe ce dernier avec intensité. Un instant, c’est lui qui est dérouté. Il se recule sur son embarcation, et Margueritte, heureuse de ce choc qu’elle a provoqué en lui, s’éloigne avec douceur et majesté.

Un soir, bien longtemps après le début de notre histoire, Armand retrouve enfin Margueritte. Il a eu si peur qu’il a quitté l’endroit, et pendant des années, l’a laissée aux bons soins de l’océan qui l’avait vue naître. Il s’est donné beaucoup de mal pour oublier cette rencontre. Mais il n’y est pas arrivé. Il a fait sa vie, avec une femme qui lui ressemble, mais n’a jamais cessé de penser à Margueritte.
Alors, un jour, il a décidé de retourner sur le lieu de leur première rencontre. Pendant longtemps, il l’a attendue, dès l’aube, jusqu’au crépuscule. Elle n’est pas venue. C’est un soir qu’il l’a retrouvée… ou plutôt, c’est Margueritte qui a retrouvé Armand ce soir-là. Elle tournoie autour du bateau, avec frénésie, et reprend le ballet qu’elle avait accompli sous ses yeux ébahis lors de leur première rencontre. Lorsqu’il la voit, alors qu’il avait perdu tout espoir de la retrouver un jour, Armand se sent vivre de nouveau. Il reconnait ses formes énormes, il retrouve cette grâce qu’il est le seul à voir. Et il pleure.

Au terme de notre histoire, Armand est seul.de nouveau, il pleure, mais cette fois, ce n’est pas de joie. Il pleure la dépouille de cette si belle, de cette si merveilleuse Margueritte qui avait pris l’habitude de danser pour lui dans les eaux qu’elle remuait, entre l’écume et les vagues qu’elle créait par sa force et ses mouvements. Armand avait abandonné sa vie d’humain pour la passer à bord de son voilier, en compagnie de Margueritte, qui avait apparemment fait la même chose de son côté. Il ne se passait pas un jour sans qu’ils ne s’échangent des regards complices, sans que lui n’offre à sa belle du poisson, ou qu’elle ne bouge pour lui.

Aujourd’hui, sur une plage de sable blanc, Armand est un vieillard accroupis qui pleure, aux côtés de la carcasse de la dernière baleine bleue. 
Rena Circa Le Blanc

Les textes de Rena : clic 

dimanche 23 juin 2013

Souvenir

Consigne faire des alexandrins, les mots en gras sont imposés.
Souvenir
 
…                                                  longtemps
…                                                    débarcadère


 
…                                                          soir
…                                                      silence


 
…                                                         partir
…                                                          flamme


 
…                                                            vent
…                                                          morte
Madeleine : clic
Marc : clic 

jeudi 13 juin 2013

Ré écriture

Le 04/06/2013 16:08, Nicole Bossy a écrit :
Bonjour tutti,

Ci dessous une ré-écriture d'un des paragraphes de la consigne d'hier :

Ils ont l’air d’être surs de ces mots que j’ignore
Ils ont l’air de savoir, l’énoncent clairement
ça sonne comme un glas, comme un vase se brise
que personne sur terre ne peut combler d’amour
que nos âmes sont seules, affamées de tendresse
qu’il faut cueillir le jour car jamais il ne dure
et que chacun est seul, au mieux se croise-t-on
dans des moments d’ivresse, sur des malentendus.

Ce sordide savoir, clef du bonheur, dit-on
Arrive un peu tard, dans ma vie, je dois dire
A dix ans, à douze ans, me l’aurait-on soufflé
Il m’aurait prévenu de mille déceptions
D’échecs en tout genre et de printemps gâchés
Mais la leçon m’est dite à l’orée de mes jours
Il faudrait donc changer, et renoncer encore
A cette idée d’amour aux ravages brûlants
A ce rêve insensé que l’amour n’est vivant
Que s’il dévaste tout et emporte nos digues.

Je n’ai jamais pensé qu’il puisse être autrement
Et aujourd’hui encore je n’en veux rien savoir
Aimer à ma manière et être aimé de même
Que l’amour soit tempête, ouragan et séisme
Qu’il balaye nos vies, ne jamais s’alanguisse
Je veux qu’il soit ainsi, c’est ma seule exigence.

Si cela ne peut-être, je préfère mourir.

Nicole Bossy
  06.07.35.59.33

Eric 
 
             Pour qui sonne le glas
 
 
Ils ont l’air d’être surs de ces mots que j’ignore, 
Ils ont l’air de savoir, comment vaincre la mort.
 
Ça sonne comme un glas, comme un compte à rebours, 
Que personne ne peut, être comblé d’amour ; 
Que nos âmes sont seules, affamées de tendresse, 
Qu’il faut cueillir le jour dans ces moments d’ivresse
Car jamais il ne dure et que chacun est seul. 
Au mieux se croise-t-on, six pieds sous le tilleul. 
 
Ce sordide savoir, clef du bonheur, dit-on 
S’annonce bien trop tard, dans ma vie, sans passion.
A dix ans, à douze ans, me l’aurait-on soufflé 
Il m’aurait prévenu de mille camouflés, 
D’échecs en tous genres et de printemps austères, 
Car la leçon s’impose à la fin de l’hiver. 
Mais pourquoi faudrait-il, renoncer maintenant 
A cette idée d’Amour, aux ravages brûlants, 
A ce rêve insensé qui n’existe vraiment 
Que s’il dévaste tout dans la vie des Amants.
 
Je n’ai jamais pensé qu’il en soit autrement 
Et aujourd’hui encore, inexorablement, 
Je veux, à ma manière, aimer et être aimée. 
Que l’amour soit tempête, ouragan déchainé, 
Qu’il balaye nos vies, nos désirs d’abstinence,
Brise nos épitaphes, c’est ma seule exigence. 
 
Et si cela ne peut, j’entends dans un soupir
Au loin sonner le glas et préfère mourir. 


Le 11/06/2013 20 :03, Nicole Bossy a réécrit :

Ils ont l’air d’être surs de ces mots que j’ignore
Ils semblent les savoir, les énoncent vraiment
ça sonne comme un glas, comme un vase se brise
que personne sur terre ne peut combler d’amour
que nos âmes sont seules, affamées de tendresse
qu’il faut cueillir le jour car jamais il ne dure
et que chacun est seul, au mieux se croise-t-on
dans des moments d’ivresse, sur des malentendus.

Ce sordide savoir, clef du bonheur, dit-on
Arrive un peu tard, dans ma vie, je dois dire
A dix ans, à douze ans, me l’aurait-on soufflé
Il m’aurait prévenu de mille déceptions
D’échecs en tout genre et de printemps gâchés
Mais la leçon m’est dite sur la fin de mes jours
Il faudrait donc changer, et renoncer encore
A cette idée d’amour aux ravages brûlants
A ce rêve insensé que l’amour n’est vivant
Que s’il dévaste tout et emporte nos digues.

Je n’ai jamais pensé qu’il puisse être autrement
Et aujourd’hui encore je n’en veux rien savoir
Aimer à ma manière et être aimé de même
Que l’amour soit tempête, ouragan et séisme
Qu’il balaye nos vies, ne jamais s’alanguisse
Je veux qu’il soit ainsi, c’est ma seule exigence.

Si cela ne peut-être, je préfère mourir.

_______________________

Marc :

Ils sont infaillibles tous ces mots que j’ignore,
Exprimés clairement, ils semblent possédés,
Comme un vase se brise ils sonnent tel un glas.
Nos âmes sont seules, affamées de tendresse
qu’il faut cueillir le jour car jamais elle ne dure
Hélas, personne sur terre ne peut combler d’amour,
Je rêve d'harmonie, d'une vie de bonheur
au mieux se croise-t-on, sur des malentendus.

Ce sordide savoir, clef du succès, dit-on
Arrive un peu tard, dans ma vie sabotée.
Sans tarder, à six ans, me l’aurait-on soufflé,
Il m’aurait prévenu de mille déceptions
D’échecs en tout genre et de printemps gâchés
Mais la leçon m’est dite sur la fin de mes jours
Il faudrait donc changer, et renoncer encore
A cette idée d’élan aux branlebas brûlants
A ce rêve insensé que l’amour n’est vivant
Que s’il dévaste tout et emporte nos digues.

Je n’ai jamais pensé qu’il puisse être autrement
Et aujourd’hui encore je n’en veux rien savoir
Aimer à ma manière et être aimé peut être ?
Que l’amour soit tempête, ouragan et séisme
Qu’il balaye nos vies, ne jamais s’alanguisse
Je veux qu’il soit ainsi, c’est ma seule exigence.

Si cela ne peut-être, je préfère mourir.


vendredi 8 mars 2013

L'insatisfait

Quand on est comme moi un insatisfait permanent la vie n’est vraiment pas facile (Paul)

Texte du 4 mars : clic